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" ... J'ai trouvé à Bougival un petit coin très tranquille au bord de l'eau
 (1 rue de Mesmes - Bougival, Seine et Oise). J'y vais terminer Carmen qui entre en répétition au mois d'août pour passer fin novembre ou commencement de décembre ...".
Telle est la seule mention de sa maison que fera Bizet dans une lettre à son ami Paul Lacombe au printemps 1874. Pour apprécier ce que ce havre tranquille de Bougival a pu représenter pour Bizet, il faut à la fois savoir à quel point sa vie parisienne était devenue insupportable et se rappeler avec quelle ivresse d'une liberté qu'il n'avait jamais connue, à l'aube de sa vie professionnelle, il avait découvert la beauté de la campagne et de la mer en Provence et en Italie lorsqu’il avait rejoint la Villa Médicis après avoir remporté le Prix de Rome. Ce seront les seules vacances de sa vie, son paradis perdu, comme l'écrit son biographe, Hervé Lacombe, Bizet en aura la nostalgie, sa vie durant.
A une biographie de Bizet, on devrait mettre en sous-titre "Les illusions perdues". A 20 ans, auréolé de sa jeune gloire de compositeur considéré comme le meilleur de sa génération, il était persuadé " qu'avec deux ou trois succès d'opéra-comique", il aurait "la vie de rentier".
La maison de Bizet est au centre du hameau - Photo prise en 1882
Bizet à 21 ans, au retour de son séjour à la Villa Médicis
Plus tard, en 1869, lorsqu'il épousa Geneviève Halévy "une adorable fille que j'adore", il disait partout avoir rencontré l'amour de sa vie !

Qu'en était-il en 1874 ? Qu'étaient devenus l'adorable fille et le bonheur idéal dont rêvait Bizet ? Séduisante et coquette, Geneviève avait certes beaucoup d'esprit, mais elle était de celles qui ne cherchent qu'à être aimées et s'y complaisent. Comme elle avait hérité de la fragilité nerveuse de la célèbre famille Halévy, Bizet, loin de partager avec elle ses soucis et ses fatigues, s'ingéniait à les lui cacher. De surcroît, il servait de tampon entre Geneviève et sa mère qui, pour sa part, allait de maison de santé en clinique psychiatrique.

La vie quotidienne devint encore plus difficile à partir de la naissance du petit Jacques en 1873 car, encore une fois, ce fut Bizet qui en eut l'entière responsabilité.
Quant aux deux ou trois succès d'opéra-comique qui devaient lui amener la fortune, où étaient-ils ?
Geneviève Bizet
Lorsqu'on consulte le catalogue des oeuvres de Bizet, il est consternant de constater le nombre de celles qui ont été perdues ou dont la création a été posthume. Parmi celles qui ont vu le jour, peu ont dépassé le cap de la quinzaine de représentations. En fait de vie de rentier, Bizet accumulera les travaux alimentaires et les leçons de piano pour joindre les deux bouts. Ses lettres se font régulièrement l'écho de cette existence de forçat de la musique :"... des leçons, des travaux énormes pour plusieurs éditeurs, des relations trop étendues, tout cela dévore ma vie ..." -" je travaille à me crever ..." -"Je mène une existence insensée ...", etc ...

La commande de Carmen par l'Opéra-Comique datait de 1872 et, depuis, au milieu de mille autres tâches, Bizet n'avait cessé d'y penser. Son opéra, il l'avait dans la tête et dans le coeur, il restait pourtant un travail énorme pour l'écrire, pour l'orchestrer. Or le temps passait trop vite, les répétitions allaient commencer. Bizet était très loin d'être prêt mais il avait confiance, il savait qu'il n'avait besoin que de calme et de silence pour venir à bout de son opéra. Où pouvait-il mieux les trouver que dans ce petit village de Bougival si prisé alors par les artistes et dans cette modeste maison à l'écart l'agitation et du bruit ?
Dernier portrait de Bizet
à 36 ans
Une petite route passait devant l'entrée et au delà, il y avait les bois du coteau de la Jonchère, le parc à l'anglaise de la propriété des Frênes que venaient d'acheter Ivan Tourgueniev et Pauline Viardot. De l'autre côté de la maison, la vue était d'une beauté à couper le souffle, elle plongeait directement sur la Seine, en face on apercevait les champs de l'île de la Chaussée ...
1875 - Sisley La Seine à Bougival (Musée d’Orsay)
Photographie prise en 2005 à 50 m de la maison de Bizet
La petite maison de Bizet existe toujours, une plaque trop laconique la désigne à l'attention des passants. Sa vue sur la Seine est restée aussi belle et les maisons avoisinantes sont les mêmes qu'en 1870. Mais la détérioration de l'environnement lui a fait perdre beaucoup de son charme. La petite route est devenue grande, c'est une nationale reliant Rueil à St Germain en Laye. La circulation y est infernale et la traversée pour rejoindre la propriété des Frênes et les bois de la Jonchère, pénible.
Toute la partie basse du parc des Frênes est maintenant lotie.
La maison elle-même a subi des transformations à l'extérieur qui ne l'ont pas arrangée, du côté Seine, le bow- window d'origine se prolonge aux étages supérieurs, le défaut d'harmonie est aggravée par une toiture en pente remplaçant le toit. Enfin le crépi blanc lui conférait une certaine élégance.

Ces transformations sont réparables. Il ne serait pas très difficile de remettre la maison dans son état d’origine. Grâce aux Archives départementales, nous avons sa description dans les années 1880, ce qui autorise à dire que presque rien n’a encore été changé. La cuisine avec son vieil évier est toujours au sous-sol, l’escalier est le même, la disposition identique des pièces permet de repérer le cabinet de travail de Bizet, la pièce où il est mort.
La maison de Bizet est au centre du hameau - Photo prise en 2002